A los Angeles, le niveau de violence lié aux gangs n’a jamais été aussi bas depuis 30 ans. Il semblerait que ce soit une conséquence de la pression policière, mais en fait pas du tout dans le sens où on l’entend.
Les gangs souffrent de la répression, et s’unir entre eux devient une manière de survivre. Les policiers assistent à des accords entre africains et hispaniques. Même entre américains et européens de l’est. Ce qui n’est pas sans leur complexifier la tâche: “Ils s’associent contre ceux qu’ils considèrent comme leur ennemi commun, à savoir les forces de l’ordre”, témoigne une conseillère du shérif.
Du coup, on pourrait dire que l’action policière a une tendance à engendrer un double effet, à la manière de toute les contraintes environnementales, au fond. Elimination des plus faibles. Incitation aux plus forts à s’assainir, et s’organiser en réseau, de manière à faire face à la menace nouvelle.
Le principe n’est pas sans rappeller, toutes proportions confondues, la lutte contre le piratage en sécurité informatique. Où la sécurisation a bien malgré elle créée un climat propice à l’industrialisation des activités mafieuses autour de la reproduction illégale d’oeuvres copyrightées. C’est encore peut être bien le même principe quand l’usage de pesticides dans les cultures agricoles engendre l’apparition de parasites plus costauds, car résistants aux poisons chimiques dans les concentrations utilisées.
De là, il devient tentant de généraliser le principe. Et de penser que l’action de répression affiche ses limites dès que l’on intègre le moyen-long terme dans l’observation. Que le « parasite » combattu finit tôt ou tard par prendre comme tuteur le bâton initialement dirigé contre lui.
Une autre façon alors de regarder ce rapport à l’évènement parasite, serait de considérer son apparition comme la conséquence d’un déséquilibre à l’intérieur même du système. Que la façon de guérir de manière profonde et durable ce parasite consisterait à rectifier ce déséquilibre. A se préoccuper de l’intérieur plutôt que de l’extérieur. De traiter la cause plutôt que le symptôme.
Bien sur, nous n’en sommes pas là collectivement. Mais toute la marge d’action et d’évolution est à l’échelle individuelle.
Illustration de Ruminatrix, publiée dans Flickr.